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Echos du Congrès de Strasbourg 2025

Du 12 au 14 juillet dernier, avait lieu à Strasbourg le congrès de la CVX en France.

Cet événement qui a lieu environ tous les 5 ans réunit pendant quelques jours environ un tiers des membres de la CVX en France. Cette année, il avait pour thème « Artisans de Paix, aux carrefours du monde ». Les membres d’autres pays pouvaient s’y inscrire. Comme d’autres membres de la CVX en Belgique, j’ai rejoint les 2300 participants du congrès.
Ces trois journées ont été très denses. Qu’en retenir ?

Aux carrefours du monde :

Peut-être avant tout un rappel que la Paix n’est pas un état, mais une dynamique, un équilibre, un combat sans cesse à remettre sur le métier, au niveau mondial comme au niveau sociétal, familial ou intérieur.
 Pour nous y aider, de multiples interventions : une table ronde géopolitique avec des invités en droit international et relations internationales, spécialisés dans les sociétés post-soviétiques ou les relations israélo-palestiniennes. Un échange passionnant qui rappelle  et précise la réalité mondiale actuelle avec une très grande lucidité, au risque cependant d’un  certain sentiment d’impuissance et de désolation.
Heureusement le lendemain nous nous divisons en une centaine de groupes pour rencontrer des témoins  artisans de paix dans leur quotidien familial, associatif, professionnel : délégué syndicaux, démarche écologique, aumônier de prison, association d’aide au logement des sans-papiers sont quelques exemples parmi la multitude de rencontres proposées…et nous rappellent qu’à notre niveau nous pouvons être artisans de paix.

L’après-midi ce sont des tables rondes ou des expériments qui sont proposés : le dialogue interreligieux, les démarches de paix de la CVX dans les pays en guerre, mais aussi un accueil dans une mosquée, une expérimentation de la méthode Vittoz ou d’une méditation du bouddhisme zen, ou encore une découverte des lieux de paix à Strasbourg parmi 50 autres propositions nous font toucher du doigt les multiples manières de contribuer à la paix en soi et avec les autres.

Artisans de paix :

La paix et le dialogue entre nous, au sein du congrès : cela passe par une certaine manière de faire corps tous ensemble, à travers la parole, le service et la joie.
D’abord, au sein de nos équipes de rassemblement où nous sommes invités à un partage en deux tours chaque jour suite à ce que nous avons entendu. Comme toujours, c’est aussi fluide que dans nos équipes d’origine et toujours aussi émerveillant d’arriver tout de suite à cette qualité d’authenticité et de profondeur.
Ensuite dans le service : lors de l’inscription il nous était demandé si nous acceptions de rendre un service avant, pendant ou après le congrès. Plus de 900 personnes ont accepté, et l’organisation était très impressionnante. Un exemple : pour être cohérent avec l’écologie intégrale (à laquelle la CVX prête une attention particulière) il nous a été demandé d’amener notre gobelet et notre gourde, et nous recevions à l’inscription un kit de couverts procurés par Emmaüs (donc tous différents entre eux) dans une jolie pochette cousue par un atelier de travailleurs handicapés.
Les spectacles organisés les deux soirs témoignaient aussi de la paix : le samedi c’est une veillée méditative avec l’ensemble Muqarnas de tradition hébraïque, soufi et slave orthodoxe puis le groupe de chanteurs gospel « the Sparkle family » qui nous plonge dans une atmosphère de joie paisible et de profonde communion. Nous terminons le concert en chantant tous ensemble.

Le dimanche soir, ce sont les jeunes du MEJ de Lille qui à travers un spectacle musical sur Madeleine Delbrel finissent par faire danser toute l’assemblée au son du chant « Voir que le monde est beau, bien et bon, le monde en 3 B »

Faire corps et être en paix ensemble passe aussi à travers l’animation, émaillée d’humour et de musique. Tout au long du congrès deux Madame Loyale version CVX, l’une très portée sur la vie spirituelle l’autre sur l’action, tiennent le fil rouge de ce que nous vivons, et à l’occasion nous font faire une chorégraphie accompagnée par l’orchestre de musiciens professionnels (tous bénévoles) sur le tube du congrès « Vienne la Paix ». Les informations données par un Monsieur Consigne déguisé en cigogne sont elles aussi toujours accueillies avec jubilation.


Le lundi, l’équipe service national nous projette dans un power point les perspectives dystopiques pour la CVX en 2050 (notamment comme accompagnateur de chaque équipe une IA sous forme d’Ignace) avant d’inviter plus sérieusement toute la communauté en France à un immense discernement communautaire pour envisager le futur de la CVX, qui commencera à l’automne prochain.

Deux membres de l’équipe mondiale qui sont présents rappellent aussi les grandes lignes de ce qui a été décidé à Amiens en 2023 à l’assemblée mondiale, avec une insistance particulière sur la vigilance à avoir dans l’ère actuelle de post-vérité, qui contribue à détruire la paix.


Enfin, pour clôturer le congrès, l’équipe pilote du congrès entraine toute l’assemblée dans une samba  brésilienne géante au son des casseroles et des sifflets en scandant le slogan « ose la paix, joue collectif ».

Venez à la source

 La Paix nous est donnée, et sa source est dans la rencontre avec le Seigneur. Les temps spirituels émaillent tout le congrès.
D’abord  par une prière accueillante d’ouverture, avec une demande de grâce spécifique « Seigneur que ton Esprit nous conduise les uns et les autres sur des chemins nouveaux. »
Ensuite par un temps spirituel à la cathédrale le dimanche matin : psaume 132 lu en araméen, méditation d’Etty Hillesum, chant de Taizé, sourate 20 du Coran, envoi à la rencontre des artisans de paix… Un vrai temps de prière au cœur de multiples traditions religieuses.
En fin de journée, une Eucharistie magnifique, avec une homélie à deux voix, une femme et un homme, autour de l’Evangile du bon Samaritain. Avec une réflexion que nous sommes aussi tous des hommes blessés, gisant à terre. Laissons-nous nous faire relever, soigner, par nos frères ? (cette Eucharistie est visible sur You Tube  https://www.youtube.com/live/CSyKbgS2NPM.)
Le dernier jour « une synthèse interpellante » a lieu, avec à l’esprit et au cœur cette invitation de Paul aux Ephésiens : « Mettez pour chaussures à vos pieds le zèle que donne l’Evangile de paix ». Nathalie Becquart, xavière et sous-secrétaire du synode des évêques depuis février 2021, et Erwan Chauty, jésuite  et doyen de la faculté de théologie des facultés Loyola, nous interpelle personnellement et communautairement : comment repartir envoyés dans une espérance renouvelée pour être artisan de Paix ?

3 pistes sont nommées :
. La place du corps, dans lequel s’exprime nos émotions, qui nous rend solidaires et empathiques de tous les vivants.
. La spiritualité ignatienne comme sport d’équipe dans la vie d’Eglise et non salle de musculation : la spiritualité ignatienne n’est pas une fin en soi mais un moyen de discerner l’Esprit au travail dans toute l’Eglise.
. Aller au cinéma plutôt que regarder une série : une invitation à lire les Evangiles dans leur intégralité et pas juste des morceaux choisis de la liturgie du dimanche. Et de manière plus vaste, la Bible.
Et une conclusion : la Paix est une mission prioritaire pour l’Eglise, c’est à la fois un don pascal et une mission qui passe par l’écoute, le dialogue, la fraternité et la réconciliation.

 

Le congrès se finit sur une note sympathique : il y a plus de bénévoles pour ranger le parc des expositions que nécessaire, ce qui permettra à tout le monde de rentrer chez soi très heureux mais fatigué de ces trois belles journées qui ont si vite passé.

 

Constance

Equipe Chemin Faisant

Bruxelles